L'HISTOIRE DE LA CERAMIQUE ET DE SES FAMILLES
Mot d'origine grecque : keramos signifie « argile ». Le terme générique de céramique désigne l’ensemble des objets fabriqués en terre qui ont subi une transformation physico-chimique irréversible au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevé.
La céramique est le premier « art du feu » à apparaître, avant le travail du verre et du métal, à la fin de la préhistoire, au Néolithique. La céramique est non seulement un marqueur culturel dans la plupart des sociétés mais aussi le matériau le plus abondant que l’Homme ait créé. Utilitaire ou expression artistique, elle reflète les changements des modes de vie et témoigne des progrès techniques (maîtrise des quatre éléments naturels : la terre, l’eau, le feu et l’air). Elle restitue les coutumes, les habitudes alimentaires et les pratiques cultuelles d’un peuple à une époque donnée. Objet du quotidien, sujet d'étude ou œuvre d'exception, la céramique demeure une source inépuisable d'inspiration.
Les Poteries
Objet en terre cuite fabriqué à partir d’une argile commune, de couleur variable allant du gris au rouge en fonction de sa composition. Les terres rouges sont ferrugineuses, les blanches peuvent contenir du calcaire, de la silice, du kaolin en proportions variables. La fabrication se fait par modelage, montage au colombin (long boudin de terre enroulé sur lui-même), tournage, moulage. La cuisson se situe entre 800 et 900° C. Les poteries sont désignées « vernissée », lorsque la pâte poreuse est imperméabilisée à l’aide d’une « glaçure » (ou « émail »).
Les Faïences
Céramique à pâte argileuse, tendre, poreuse, recouverte d'un enduit imperméable et opaque. Il existe plusieurs types de faïence : la faïence plombifère à base de plomb, la faïence stannifère à base d’oxyde d’étain et la faïence fine réalisée avec une argile choisie pour la grande qualité de sa blancheur. Le décor des faïences peut être de « grand feu » ou de « petit feu ». Dans le premier cas, la pièce n’a subi qu’une seule cuisson ; son décor, peint sur l’émail cru, a pu supporter la haute température nécessaire à la cuisson de la pâte et de l’émail (vers 900° C). Dans le second cas, le décor a été posé sur une pièce cuite après la pose de l’émail. Les couleurs mêlées à des fondants ne supportent plus qu’une cuisson à basse température (entre 650 et 700° C).
Les Porcelaines
Céramique dont la pâte est vitrifiée dans la masse (donc imperméable), qui se caractérise par sa blancheur à l’instar de la faïence fine dont elle n’est pas toujours facile à distinguer. On reconnaît généralement une porcelaine à sa translucidité. La porcelaine naît en Chine vers le VIIe-VIIIe siècle de notre ère ; dès son importation en Europe au Moyen Age, les hommes n’ont de cesse que d’imiter ce matériau et se mettent à fabriquer des céramiques blanches et translucides.
La porcelaine dure (non rayable à l’acier) et la porcelaine tendre (sans kaolin et rayable à l’acier) constituent les deux grandes familles de la porcelaine européenne ; le plus souvent, elles sont recouvertes d’une glaçure ou émail transparent qui laisse apparaître la blancheur de la pâte.
Aujourd'hui, les ateliers de production de la Cité de la céramique fabriquent quatre pâtes à porcelaine : la pâte dure (qui date du XVIIIe siècle et contient 75 % de kaolin) ; la pâte tendre (variante de celle du XVIIIe siècle, qui contient très peu de kaolin et 50 % de cendre d’os, seule pâte tendre phosphatique en France) ; la pâte nouvelle (créée vers 1882, elle contient 45 % de kaolin) ; la pâte blanche ou pâte Antoine d’Albis, similaire à la pâte dure (elle porte le nom du chef de service de la Manufacture de Sèvres, qui l’a mise au point vers 1965).
Les Grès
Céramique dont la pâte contient une forte proportion de silice et supporte des températures de cuisson élevées (de 1200° à 1400° C) ; elle est partiellement vitrifiée par la cuisson.
Avec le grès, nous quittons le premier des deux grands groupes qui divisent les familles de céramiques. Poteries et faïences sont des céramiques à pâte poreuse qu’il est nécessaire d’imperméabiliser à l’aide d’une glaçure ou émail. Le grès comme la porcelaine sont des céramiques dont la pâte est vitrifiée dans la masse et donc imperméable.
C’est donc à des fins esthétiques, depuis son apparition vers le IVe siècle en Chine, son introduction au Moyen-Orient et son développement à partir du Moyen Age en Europe, que les potiers ont appliqué des glaçures sur le grès, combinant recherches de matière et de forme.